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Dermatologie

Publié le 16 déc 2021Lecture 3 min

La dermatoscopie x 400, une technique prometteuse pour l’exploration in vivo des tumeurs génitales pigmentées

Catherine FABER, Paris

Les performances respectives de la dermatoscopie magnifiée x 400 et de la microscopie confocale pour l’exploration in vivo des tumeurs pigmentées des muqueuses génitales ont été comparées dans une étude stéphanoise.

Les lésions pigmentées des muqueuses génitales sont fréquentes puisqu’elles concernent entre 10 % et 20 % de la population. Leur aspect clinique peut être déroutant. Elles sont en effet volontiers étendues, irrégulières et de couleur inhomogène, ce qui leur confère un caractère suspect. Leur diagnostic à l’aide de la dermatoscopie à un grossissement x 20 est parfois complexe. Cette technique d’imagerie la plus répandue chez les dermatologues identifie de nombreux patrons qui, pour la plupart, manquent de spécificité. La microscopie confocale in vivo (MCIV) permet une vision à l’échelle cellulaire des lésions, augmentant ainsi la pertinence diagnostique. Sa fiabilité est démontrée, et elle représente actuellement un gold standard après l’histologie. Cependant, la MCIV nécessite un apprentissage long et spécifique, et un investissement financier important, auxquels s’ajoute une disponibilité limitée (seulement 15 caméras disponibles en France). Récemment arrivée sur le marché, une caméra de dermatoscopie avec un grossissement × 400 permet également un examen à l’échelle cellulaire des tumeurs, avec l’avantage d’une facilité d’apprentissage et un coût plus accessible. L’apport de la dermatoscopie magnifiée × 400 pour l’exploration in vivo des tumeurs génitales pigmentées, par comparaison à la MCIV, a été évalué dans une étude observationnelle, prospective, monocentrique, réalisée dans le cadre d’une consultation du service de dermatologie du CHU de Saint-Étienne*. Les données cliniques, dermatoscopiques (x 20 et x 400) et en MCIV de 207 lésions ont été recueillies entre octobre 2017 et mai 2019. Trois dermatologues experts en imagerie non invasive ont relu les images avec une évaluation et la concordance intra-évaluateur entre les critères observés en MCIV et en dermatoscopie x 400, analysés grâce au coefficient kappa de Cohen. Cette série comprenait 183 mélanoses (n = 183), 19 nævus, 2 condylomes, 2 et 1 carcinome basocellulaire (CBC). Les lésions étaient situées principalement sur les lèvres chez les femmes (77,1 %), le fourreau et le gland chez les hommes (51,4 % et 27,9 %). Au total, 96 lésions concernaient les femmes et 11, les hommes. Cette série est représentative des données de la littérature en ce qui concerne la répartition des différents types de lésions et, à ce jour, la plus grande en dermatoscopie et MCIV de lésions pigmentées génitales. Similarité avec la MCIV dans de nombreuses situations Conformément aux données de la littérature, les patrons les plus fréquemment identifiés par la dermatoscopie étaient ceux en anneaux, homogènes et en lignes parallèles. Avec la dermatoscopie x 400 et la MCIV, 98 % des mélanoses avaient un patron en anneaux plus ou moins étiré. Des cellules dendritiques et des cellules dodues dermiques étaient également retrouvées avec les deux techniques dans les mélanoses, ainsi que des cellules rondes isolées dans les mélanomes, et des amas de cellules rondes dermiques, des cellules dendritiques, dodues et fusiformes dans les nævus. La concordance entre les critères observés en MCIV et ceux observés en dermatoscopie × 400 a été considérée comme modérée (coefficient kappa de Cohen 0,40-0,60) à forte (0,60-0,80) pour l’identification du patron en anneaux et des cellules rondes en amas. Elle était forte pour celle des cellules dendritiques et des cellules dodues, et parfaites (> 0,80) pour les cellules rondes isolées et les cellules fusiformes. Cette étude est la première à comparer les deux techniques dans cette indication. Ses résultats montrent que la dermatoscopie x 400, qui semble pouvoir analyser un certain nombre de critères identiques à la MCIV, paraît prometteuse dans l’exploration des tumeurs pigmentées génitales. La MCIV reste toutefois supérieure en cas de tumeur présentant une structure multicouche, car elle discrimine les cellules plan par plan alors que la dermatoscopie x 400 « fusionne » les couches.

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