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Cancérologie générale

Publié le 19 déc 2022Lecture 4 min

Organisation des soins en cancérologie - Repenser les parcours des sujets âgés

Sylvie LE GAC, Paris

Construire des parcours de vie adaptés aux patients âgés atteints de cancers prenant en compte les vulnérabilités de chacun pour toute décision thérapeutique est une des principales recommandations du Groupe de réflexion, PAC* (Priorités Âge Cancer). La coordination décloisonnée ville/hôpital des parcours pour une prise en charge favorisant le maintien à domicile sécurisé des sujets âgés atteints de cancers est également préconisée en s’aidant des outils de communication et d’information issus des nouvelles technologies. Retour sur cette actualité au congrès de la SoFOG.

« Nous devons préparer le système de santé à un changement de paradigme avec le tsunami du cancer et de la vieillesse. Pour cela, il nous faut repenser l’organisation du parcours de soins avec un meilleur maillage territorial pour favoriser le lien et assurer la coopération entre la ville et l’hôpital et entre les professionnels de santé dans ce parcours de soins », a expliqué le professeur Pierre Soubeyran, président du conseil scientifique de la SoFOG (Société francophone d’onco-gériatrie), oncologue médical à Bordeaux, directeur adjoint Inserm U1312 et directeur de la recherche de l’Institut Bergonié. Les cancers représentent, en France, la première cause de décès chez les 65-84 ans. En raison du vieillissement de la population, mais également des avancées en termes de contrôle des maladies chroniques et de l’amélioration de la survie grâce notamment aux traitements anticancéreux, la proportion de sujets âgés atteints d’un cancer ou ayant été atteints d’un cancer va continuer à croître(1). La prise en charge de cette population devient un défi majeur pour lequel des réponses sont attendues(2). Car il existe de nombreuses disparités de prise en charge qui se basent notamment sur l’hypothèse que les sujets âgés sont fragiles en raison de comorbidités ou de vulnérabilités liées au vieillissement, ce qui constitue, quand elle n’est pas fondée, une forme d’âgisme(3). Rappelons que la part des essais dédiés aux sujets âgés reste stable et peu élevée avec près de 5 % des essais de phase III dédiés aux sujets âgés atteints d’un cancer, que ce soit sur la période 2001-2004 ou sur la période 2011-2014(4). « L’âge ne peut en aucun cas constituer le facteur principal de décisions chez les sujets âgés qui représentent un groupe très hétérogène, a insisté le spécialiste. Les décisions thérapeutiques chez les personnes âgées doivent être individualisées et ne pas se baser uniquement sur l’âge chronologique(5). » Graduation coordonnée des soins grâce au questionnaire G8 Dans le cadre de la stratégie décennale de lutte contre le cancer, le groupe de réflexion, Priorités Âge Cancer (PAC)*, a fait des recommandations(6) avec notamment une proposition permettant d’assurer une graduation coordonnée des soins en s’aidant des outils de repérage de la fragilité des patients tels que le questionnaire G8 (cf. questionnaire ci-après). « Le questionnaire G8, doit être réalisé de manière systématique, afin de nous permettre de flécher efficacement une population de patients fragiles. » Les individus présentant un score inférieur ou égal à 14 (score de 0 à 17) sont considérés comme à risque de fragilité, une évaluation gériatrique approfondie (EGA) réalisée par un gériatre est alors proposée. Au-delà de la prise en compte des vulnérabilités des sujets âgés dans la décision thérapeutique, le groupe PAC propose de renforcer l’information et la transparence à l’égard des patients âgés atteints d’un cancer et de développer l’implication des patients dans la décision thérapeutique et la décision partagée entre le praticien et ses patients. Il souhaite également soutenir la formation et l’intégration des aidants dans le parcours de soins afin de faciliter le maintien à domicile. La deuxième recommandation est de construire un parcours de vie adapté au patient âgé atteint de cancer en mettant des professionnels de la coordination médicale au centre de la prise en charge, en l’occurrence des infirmières de coordination en cancérologie ou des infirmières de pratiques avancées (IPA). La conciliation médicamenteuse est un service essentiel qui permet de prévenir les erreurs de médication et d’assurer la sécurité des médicaments chez les personnes atteintes de cancer. Le groupe PAC propose donc de promouvoir les entretiens de conciliation pharmaceutique pour améliorer l’observance et la coordination. Décloisonner les parcours Enfin, il faut s’appuyer sur le maillage territorial existant pour favoriser le lien et assurer la coopération entre la ville et l’hôpital. « L’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine promeut l’outil numérique, Paaco-Globule, pour favoriser le partage d’informations et la coordination décloisonnée des parcours pour une prise en charge favorisant le maintien à domicile sécurisé, a indiqué Pierre Soubeyran. Nous sommes en train de travailler sur l’interopérabilité des dossiers patients avec l’appui d’algorithmes d’Intelligence artificielle pour aller chercher des cas similaires grâce au machine learning et nous permettre d’aller plus vite dans la prise de décision. Pour cela, je suis en train de mener une étude sur le projet GeRonTe. » Basé sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), le projet GeRonTe** va permettre de réaliser une évaluation gériatrique et oncologique rationalisée avec une nouvelle organisation des soins pour une gestion augmentée des soins de santé axée sur le patient âgé (> 70 ans) souffrant de comorbidités multiples. Les résultats de l’étude seront disponibles en 2026.

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