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Cancérologie générale

Publié le 10 nov 2023Lecture 5 min

AFSOS 2023 | Soins de support - Agir tous azimuts

Claire GERVAIS, HEGP, AP-HP

Le congrès de l’Association francophone des soins oncologiques de support (AFSOS) s’est tenu à Lille du 11 au 13 octobre 2023. Cette jeune association, quinze ans tout de même, a salué son président historique, Ivan Krakowski (Bordeaux) qui laisse sa place à Didier Mayeur (Dijon).

À l’instar des éditions précédentes, le maître-mot de ces journées reste l’innovation ! Innover en oncologie, c’est bien sûr proposer de nouveaux médicaments (anticorps conjugués, immunothérapies, thérapies cellulaires) mais également bâtir de solides parcours de prévention et gestion des toxicités, notamment avec l’avènement de la télésurveillance et le déploiement des programmes d’après-cancer et d’activité physique adaptée.   Accompagner l’innovation au quotidien L’arrivée d’un nouveau traitement sur le marché implique l’ensemble des professionnels de santé hospitaliers mais aussi de ville pour une administration et une surveillance sécurisée. On se souvient notamment des difficultés aux débuts de l’enfortumab védotin dans le cancer de la vessie (toxicités cutanées spécifiques graves et peu décrites dans l’étude pivotale). Iphigénie Korakis (Toulouse) et Christophe Massard (Rennes) ont rappelé les enjeux de la médecine de précision, à savoir, proposer un traitement ciblant une altération moléculaire de la tumeur sans oublier les contraintes et limites de l’inclusion dans des essais de phases précoces. Positionner le patient au centre de ces questions est primordial et implique une compréhension mutuelle pour bien évaluer les attentes et espoirs réalistes tout en considérant les effets indésirables potentiels et retentissement sur la qualité de vie. Édouard Auclin (Paris) a, quant à lui, décrit le développement des anticorps conjugués (anticorps monoclonal ciblant une protéine à la surface de la cellule tumorale permettant internalisation et libération des molécules de chimiothérapie préalablement attachées). Ces médicaments sont déjà administrés en routine dans plusieurs types tumoraux et se multiplieront très rapidement à l’avenir. Si leur profil de tolérance est rassurant, il diffère de celui des chimiothérapies classiques et nécessitera un apprentissage spécifique. Enfin, Marie-Thérèse Rubio (Nancy), Pierre Bories (Toulouse) et Jacques-Olivier Bay (Clermont-Ferrand) ont décrit l’actualité des chimeric antigen receptors (CAR) T cells qui sont le quotidien des hématologues et encore un peu de la science-fiction pour les oncologues ! On connaissait les résultats spectaculaires dans certaines hémopathies notamment les leucémies aiguës et lymphomes réfractaires mais la grande vague des CAR T cells est loin d’être arrivée tant les cibles potentielles sont nombreuses. Ces médicaments ont un spectre de toxicités très particulier lié notamment à la phase aiguë au syndrome de relargage cytokinique (CRS) (fièvre, hypotension, hypoxie) et à l’immune effector cell-associated syndrome (ICANS) (troubles de la conscience, déficit neurologique). Si les premières administrations de CAR T cells se faisaient en service de réanimation, cela est désormais loin d’être systématique grâce à une meilleure connaissance des mécanismes et prise en charge des toxicités (figure 1). Figure 1. CAR T cells : administration et gestion des toxicités. D’après la présentation de Pierre Bories (AFSOS 2023)   Le domicile ou le défi des soins de support de demain La prise en soins des patients oncologiques se conçoit plus que jamais au domicile. Plusieurs solutions numériques de télésurveillance étaient présentes et rapportaient des propositions de plus en plus performantes. Les injections sous-cutanées peuvent être d’un grand secours en cas de voie veineuse inaccessible et les hospitalisations à domicile (HAD) y ont parfois recours. Mario Di Palma (Villejuif) a expliqué le rationnel méconnu de la recombinant human hyaluronidase (rHuPH20), une enzyme qui dégrade transitoirement la matrice extracellulaire permettant l’administration d’un médicament sans réaction inflammatoire. Il s’agit désormais de la voie d’administration privilégiée du trastuzumab par exemple et d’autres anticorps monoclonaux pourraient également s’administrer par voie sous-cutanée. Erwan Treillet (Paris) a présenté les intérêts de la méthadone dans la prise en charge des douleurs rebelles, notamment neuropathiques, et discuté la faisabilité d’un traitement au domicile, voire d’une rotation en HAD.   Prévention et gestion des toxicités à long terme L’AFSOS a également rappelé que l’innovation en oncologie pouvait également s’inscrire dans la proposition de parcours de soins pertinents. Julie Delvoye-Heiremans a rapporté son expérience de pharmacienne clinicienne à Valenciennes où sont organisées des évaluations préthérapeutiques en hôpital de jour (HDJ) dans le cadre de la circulaire dite « frontière » (conditions de facturation des séjours HDJ). La gestion des toxicités peut nécessiter une organisation et du matériel dédié, notamment avec la photomodulation pour les mucites dont les résultats impressionnants engagent à l’équipement et à la formation. L’après-cancer est également une thématique très actuelle que l’AFSOS a su éclairer autour des troubles cognitifs et de l’importance de l’activité physique adaptée. Enfin l’étude OPTIMOS a permis de mieux comprendre la prévalence et prise en charge des métastases osseuses (figure 2). Figure 2. Cohorte nationale OPTIMOS évaluant les métastases osseuses. D’après la présentation de Béatrice Bouvard (AFSOS 2023)   Les nouveautés des référentiels On retiendra des ateliers et groupes de travail : – prévention des nausées/vomissements : volonté d’épargner la corticothérapie et donc limiter la prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons qu’on sait délétères en cas d’immunothérapie et de positionner l’olanzapine (neuroleptiques) en prévention primaire ; – travail : rappel de l’utilité d’effectuer rapidement une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) que le patient pourra utiliser ou non selon ses besoins ; – sommeil : il s’agit d’un nouveau référentiel très attendu tant les troubles du sommeil constituent une plainte fréquente des patients avec un retentissement considérable sur la qualité de vie ; – fertilité : réduction de la durée recommandée de contraception d’un an à 6 mois après traitement (à pondérer selon le type de traitement). L’AFSOS s’est achevée sur un débat apaisé, passionnant et intelligent sur l’aide active à mourir. À suivre à Lille : du 27 au 29 juin 2024, l’AFSOS et la MASCC seront réunies !

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