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Néphrologie-Rein

Publié le 15 déc 2023Lecture 3 min

Atteintes rénales des hémopathies myéloïdes et des CHIP : des atteintes rares et mal décrites

Simon VILLE, CHU de Nantes

Nous connaissons bien les atteintes rénales des hémopathies lymphoïdes, que ce soit la cast nephropathy associée au myélome multiple, la présence d’un infiltrat dans les situations de forte masse tumorale, ou bien les gammapathies monoclonales de signification rénale (MGRS) en cas de petit clone responsable d’atteintes rénales variées. Dans ces situations, le diagnostic est facilité par la présence d’un composant monoclonal facilement identifiable qu’il soit circulant, sous forme de dépôt dans le rein ou à la surface des cellules. Pour ce qui est des anomalies du compartiment myéloïde, les atteintes rénales restent rares et mal décrites. Au cours de cette SFNDT, trois communications ont abordé ce sujet.

La première a été celle de Thibault d’Irzany-Gargas (HEGP), à propos d’une étude récemment publiée dans Kidney International. Ce travail s’est intéressé aux atteintes rénales des syndromes myélodysplasiques (SMD). Quarante-sept cas biopsiés ont pu être identifiés et matchés avec 188 contrôles sans SMD. Ils ont identifié, d’une part, un sous-groupe de 14 patients avec une atteinte glomérulaire caractérisée par une hypercellularité mésangiale ou des signes de MAT (microangiopathie thrombotique) glomérulaire, et qui prédominait chez les patients atteints de myélofibrose et, d’autre part, chez tous les patients en comparaison avec les contrôles des lésions vasculaires plus importantes (gradées avec les critères CV et AAH du Banff). La présence d’une myélofibrose ou d’une atteinte glomérulaire étaient des facteurs de mauvais pronostic. À noter que certains patients étaient sous ITK, ce qui constitue un facteur confondant important. La seconde présentation par Mathurin Martin (Hôpital Tenon) est revenu sur les patients de la série française de VEXAS avec une atteinte rénale biopsiée. Le VEXAS est un syndrome auto-inflammatoire secondaire à une mutation somatique du gène UBA1 dans la lignée myéloïde responsable. Sur 116 patients, 11 présentaient une atteinte rénale biopsiée, c’est sur ces biopsies en particulier que l’étude a porté avec des marquages en IHC spécifique et surtout la recherche de la mutation UBA1. Il y avait 4 néphrites interstitielles, avec des cellules avec un phénotype myéloïde immature attendu dans le contexte (CD68+, MPO+ avec des noyaux immatures), malheureusement la recherche de mutation somatique a échoué dans ces biopsies. Les autres atteintes étaient une amylose AA, une pauci-immune ANCA négative, deux NTA (nécroses tubulaires aiguës), une LGM (lésion glomérulaire minime) et une néphropathie vasculaire/diabétique, des clones UBA1 mutés en plus ou moins grande quantité. Lors de la troisième communication par Kalil El Karaoui (Hôpital Tenon), les auteurs ont exploré l’hypothèse que les néphrites interstitielles aiguës sans cause retrouvée et où un infiltrat fait de PNN prédomine pourraient être secondaires à la présence d’une hématopoïèse clonale de potentiel indéterminé (CHIP). Les CHIP sont l’équivalent myéloïde des MGUS, elles sont fréquentes chez les patients âgés et comportent un risque d’évolution vers une hémopathie myéloïde. La question était donc de savoir si en dehors d’une hémopathie, les CHIP pourraient être responsables d’atteinte rénale inflammatoire. Ainsi, 19 biopsies ont été explorées sous cet angle. Il n’y avait pas d’aspect particulier des cellules en MO. Un immunophénotypage est en cours. Les données de biologie moléculaire à savoir la recherche de mutation somatique parmi 67 gènes associé aux CHIP, a révélé la présence d’un variant avec une fréquence moyenne de 21 % chez 14 patients dans le sang et chez 10 patients dans les biopsies avec une fréquence de 8 %. Ces résultats sont intéressants mais une limite est l’absence de population contrôle, les CHIP étant assez fréquentes dans la population générale. L’autre limite est la possible contamination de la PBR (ponction biopsie rénale) par les cellules circulantes. On voit que ce champ de recherche est très dynamique, l’identification des clones myéloïdes n’ayant été rendu possible en routine que récemment. Nous avons encore besoin de données pour juger de la causalité de ces clones dans les atteintes rénales et au-delà envisager des traitements ciblés. D’après les communications de Thibault d’Irzany-Gargas (HEGP), Mathurin Martin (Hôpital Tenon) et Kalil El Karaoui (Hôpital Tenon) dans le cadre du congrès de la SFNDT 2023, Liège (Belgique)

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