Publié le 05 fév 2025Lecture 3 min
Cancers chez les 20-40 ans : s’intéresser à l’exposome et au vieillissement accéléré des tissus
Sylvie LE GAC, Courbevoie

Gustave-Roussy est en ordre de marche pour éviter que la hausse de l’incidence de certains cancers (côlon, du pancréas, sein, thyroïde, rein, petit intestin, et corps utérin) observée chez les adultes jeunes (20-40 ans) ces dernières années, se transforme en problème majeur de santé publique. Plusieurs programmes de recherche dédiés à cette problématique ont été lancés par Gustave-Roussy, 1er centre de lutte contre le cancer en France, en Europe et quatrième à l’échelle mondiale en 2025.
Différentes publications scientifiques parues ces dernières années ont fait état d’une augmentation de l’incidence des cas de cancers chez les adultes jeunes. Les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) font état de plus de 15 000 patients dans cette tranche d’âge (20-40 ans) en France touchés par un cancer en 2022. Un million de personnes sont concernées par an dans le monde. En 2023, une étude(1) internationale publiée dans le British Medical Journal a révélé qu’à l’échelle mondiale, l’incidence des cancers chez les moins de 50 ans avait augmenté de 79,1 % entre 1990 et 2019. Les conclusions d’une publication parue en décembre 2024 dans le Lancet Oncology(2) prévoient une hausse d’environ 12 % du nombre de nouveaux cas de cancer et de décès liés au cancer chez les patients de moins de 40 ans entre 2022 et 2050. C’est un véritable tsunami.
En France, les premières données empiriques commencent à se préciser. Les données de GLOBOCAN(3) révèlent qu’entre 1998 et 2017, l’incidence standardisée selon l’âge des cancers colorectaux (+5,4 %), du pancréas (+4,3 %), et du sein (+1,7 %) a augmenté chez les femmes âgées de 20 à 39 ans. Chez les hommes de la même tranche d’âge, ce sont les cancers du pancréas (+5,4 %) et du rein (+5,3 %) qui enregistrent les progressions les plus marquées.
Gustave Roussy a initié plusieurs programmes de recherche dédiés à cette problématique, réunis sous l’initiative Un cancer à 30 ans - POWER for YA (Precision Oncology for the Wellness, trEatment, and Research for Young Adults).
• L'étude E3N-Générations s'intéresse à l'influence de l’exposome au sens large et du mode de vie contemporain sur la santé, chez des personnes d'une même famille, sur trois générations.
En intégrant des outils technologiques et une approche épidémiologique, cette cohorte E3N-Générations dont Gustave-Roussy est un des membres fondateurs, permettra de mieux comprendre comment les expositions précoces influencent les risques de cancer chez les adultes jeunes, ouvrant la voie à des stratégies de prévention adaptées.
• Le projet YODA, pour Young Onset Digestive Adenocarcinoma, est porté par les Drs Alice Boilève et Cristina Smolenschi, toutes deux oncologues médicales à Gustave-Roussy. Il vise à explorer les facteurs méconnus liés à l’apparition de cancers digestifs d’apparition précoce chez les moins de 50 ans et à identifier les personnes à risque pour leur proposer des stratégies de prévention personnalisées.
Le projet YODA, dont l’ouverture interviendra au premier semestre 2025, repose sur deux cohortes : une première composée de patients jeunes (20-49 ans), et une cohorte de patients âgés (65-70 ans). L’objectif est d’évaluer les possibles effets de la pollution environnementale, de la nutrition et du mode de vie dans la survenue de cancers digestifs d’apparition précoce. Cette étude entend également élucider les signatures moléculaires chez les patients jeunes, pour développer des approches de médecine de précision et proposer un plan de prévention adapté aux cancers digestifs à apparition précoce.
• Le projet de recherche AGE-PROTECT TNBC s’intéresse au vieillissement accéléré des cellules mammaires comme mécanisme potentiel de développement du cancer chez les femmes souvent jeunes atteintes d’un cancer du sein triple négatif. L’objectif du projet est d’identifier une signature protéomique (ensemble de protéines), propre au vieillissement accéléré des cellules mammaires. Une telle signature pourrait être déclinée sous forme de test diagnostique, sur une simple prise de sang, pour identifier de manière précoce les femmes porteuses, et donc à risque de développer un cancer du sein triple négatif.
À ces initiatives s’ajoutent les programmes tels qu’Interception, Instadiag, FRESH ou encore la médecine de précision.
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