Publié le 16 mai 2025Lecture 3 min
Technologies numériques : quelles avancées en onco-hématologie ?
Karelle GOUTORBE, Reims

Les technologies numériques ne cessent de se développer dans le domaine de la santé : robots, réalité virtuelle, intelligence artificielle (IA)... Mais quelles sont leurs nouvelles applications en onco-hématologie ? Et qu’en est-il de la fiabilité de l’IA ?
Lors du dernier congrès de la Société française d’hématologie (SFH), plusieurs communications se sont intéressées au développement des nouvelles technologie en hématologie. Si de nouvelles applications voient le jour, des questions sur les imperfections de l’IA émergent également.
Un robot pour rompre l’isolement
Selon une étude rapportée par des équipes de Lyon et Marseille(1), le recours à un robot de téléprésence chez les patients placés en isolement protecteur de longue durée permettrait d’atténuer le sentiment d’isolement social et la détresse psychologique liée à la séparation avec la famille. Il améliore ainsi le vécu de l’hospitalisation et des traitements, grâce à un sentiment de présence auprès des proches. Les avantages de ce robot (grande autonomie pour l’utilisateur, champ de vision élargie) incitent les patients à l’utiliser plus fréquemment et plus longtemps que d’autres outils de communication. Tous les malades interrogés ont été satisfait du dispositif et certains l’ont qualifié de « mon meilleur médicament ». Parfois, il peut néanmoins générer un sentiment de frustration, de n’être que spectateur et non acteur de la vie familiale, ou altérer l’image de soi (le visage du malade étant exposé au regard des proches).
La réalité virtuelle en anti-douleur ?
Dans la prise en charge des patients atteints d’hémopathies malignes, certains prélèvements invasifs (aspiration, biopsie médullaire, ponction lombaire) nécessitent de recourir à des mesures atténuant l’anxiété et la douleur (protoxyde d’azote, anxiolytiques), avec cependant de potentiels effets secondaires. L’utilisation d’un casque de réalité virtuelle (CRV) a été évaluée au sein du service d’hématologie de l’hôpital Kremlin-Bicêtre(2). Chez les patients ayant expérimenté le CRV (67 ans d’âge moyen), la satisfaction et le souhait d’en bénéficier de nouveau le cas échéant étaient de 95 %. Le degré d’anxiété, évalué aux trois points de mesure, est passé de 4,8 à 3,1 puis 2,3 (sur une échelle de 10). De plus, tous les adjectifs qualifiant l’expérience ont reçu des scores positifs allant de 70 % à 82 %, sauf pour « anxiogène » (33 %). Aucun effet indésirable n’a été rapporté. Les patients ont manifesté du soulagement et de la joie concernant l’expérience, et des remerciements pour l’équipe soignante. Suite à ces résultats positifs, le dispositif est proposé quotidiennement aux patients pris en charge au sein du service, pour tous types de soins, dont les moments d’attente entre les examens, parfois également anxiogènes.
Intelligence artificielle : des performances inégales
Si les outils conversationnels intégrant l’IA ne cessent de se développer dans le milieu médical, leur fiabilité et leurs performances globales restent au cœur des préoccupations. Celles-ci ont donc été étudiées par le Dr Alexandre Janel (Clermont-Ferrand). Les résultats ont mis en évidence une hétérogénéité importante entre les technologies évaluées. Avec un score de 68/100, la nouvelle version de ChatGPT (4o) s’est révélée nettement plus performante(3). De plus, elle réduisait significativement les réponses faussement rassurantes (6 %) et celles inquiétantes (10 %). Une progression notable a donc été observée par rapport aux versions précédentes (47/100 pour la version 4.0 et 52/100 pour la version 3.5). L’absence de lien direct, vers les sources utilisées pour les réponses, est la principale limite de cet outil. Par contre, les scores obtenus par les quatre autres outils d’IA testés (Google Gemini, Microsoft Copilot, Grok et Perplexity) étaient plus faibles : 23/100, 22/100, 32/100 et 21/100 respectivement. Une proportion importante de réponses exagérément inquiétantes a été rapportée, atteignant jusqu’à 52 % pour Google Gemini et Microsoft Copilot et de 39 % à 42 % pour Perplexity et Grok. Néanmoins, les réponses faussement rassurantes sont moins fréquentes avec ces outils, sauf pour Perplexity (16 %). « Ces résultats renforcent la nécessité d’encadrer l’utilisation de ces technologies et de rappeler l’importance de l’expertise médicale professionnelle pour garantir une interprétation juste et responsable des données médicales », conclut le Dr Janel.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :