publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Onco-hémato

Publié le 13 juin 2025Lecture 3 min

Traitement par cellules CAR-T anti-CD19 des lymphomes B à grandes cellules : quels effets en vie réelle chez les patients âgés ?

Suzette VINALET, Paris

Dans les lymphomes B à grandes cellules en rechute ou réfractaires (LBGC R/R), les CAR-T anti-CD19 ont certes bouleversé la prise en charge thérapeutique, mais suscitent également plusieurs interrogations sur leur efficacité, en cas d’immunosénescence, et leur tolérance, en présence de comorbidités ou de fragilités chez les patients. Qu’en est-il de leur utilisation en vie réelle chez les sujets de 75 ans et plus ?

Créé à l’initiative de plusieurs groupes coopérateurs français (LYSA, IFM, GRAALL, SFCE et SFGM-TC), le registre DESCAR-T collecte de façon exhaustive et sur 15 ans les données des patients atteints d’hémopathies malignes (lymphomes, myélomes, leucémies aiguës lymphoblastiques) et recevant des traitements CAR-T en France. Il inclut aujourd’hui plus de 5 000 patients. Entre avril 2018 et septembre 2023, 1524 patients LBGC R/R traités par CAR-T anti-CD19, en troisième ligne et plus, ont été enregistrés dans ce registre(1). Parmi ceux-ci, 125 sujets étaient âgés d’au moins 75 ans (médiane de 76 ans) et 1 399 de moins de 75 ans (62 ans d’âge médian).   Une hausse de la mortalité non liée à la rechute Une analyse entre les deux groupes (≥ 75 ans versus < 75 ans) a révélé que les patients âgés (≥ 75 ans) avaient plus de comorbidités et recevaient plus fréquemment du Tisa-cel(1). Après 12,7 mois de suivi, aucune différence significative n’était observée en termes de survie globale (SG : 18,3 vs 24 mois, p = 0,12), de survie sans progression (SSP : 8,2 vs 6,1 mois, p = 0,73), de réponses globales (RG : 74,8 % vs 78 %, p = 0,425) et complètes (RC : 62,6 % vs 60,8 %, p = 0,699). L’analyse confirme la faisabilité du traitement par CAR-T anti-CD19 en vraie vie chez les patients d’au moins 75 ans. Néanmoins, la mortalité non liée à la rechute (MNR), principalement de cause infectieuse, était significativement plus importante chez ces sujets âgés (19,5 % vs 8,1 %, p < 0,0001). Selon l’analyse multivariée, seule l’absence de réponse au traitement d’attente était associée à une augmentation de la MNR.   Davantage d’efficacité et de toxicité sous Axi-cel Une seconde analyse(1) a évalué l’efficacité et la tolérance des deux CAR-T anti-CD19 (Axi-cel vs Tisa-cel) dans le groupe de patients âgés (≥ 75 ans). À 17,6 mois et 12,3 mois de suivi pour Axi-cel et Tisa-cel respectivement, de meilleurs taux de RG et RC étaient observés sous Axi-cel (RG : 77 % vs 54,1 %, p = 0,008 ; RC : 68 % vs 45,6 %, p = 0,014), mais sans effet sur la SG (21,4 vs 19,8 mois, p = 0,97), ni sur la SSP (9,2 vs 4,1 mois, p = 0,19). Par contre, la toxicité de grade ≥ 3 était significativement accrue sous Axi-cel, avec davantage de syndrome de relargage des cytokines (5,1 % vs 2,3 %, p = 0,032), de neurotoxicité (10,9 % vs 1,2 %, p < 0,001) et d’infections bactériennes (16,6 % vs 2,1 %, p = 0,018). Le taux d’admission en réanimation était par conséquent plus élevé (45,4 % vs 12,8 %, p = 0,040). Néanmoins, aucune différence significative n’a été retrouvée en termes de MNR (19,7 % vs 12,3 %, p = 0,07).   Une persistance au long cours Si l’effet des cellules CAR-T après leur injection est bien connu (réduction du risque de rechute), leur persistance à long terme en vie réelle l’est beaucoup moins. Une étude monocentrique (2) a donc été menée sur 101 patients atteints de lymphomes agressifs à cellules B en rechute ou réfractaires, et traités par CAR-T anti-CD19 (âge médian à la réinjection : 65 ans). Parmi eux, 75 % présentaient un LDGCB (n = 76), 17 % un lymphome folliculaire transformé (n = 17) et 8 % un lymphome primitif du médiastin à grandes cellules B (n = 8). Le nombre médian de ligne antérieur était de 2 (1-7) et 93 % des sujets étaient traités par Axi-cel. L’étude a montré que les cellules CAR-T anti-CD19 persistaient au long cours chez la majorité des patients, même deux ans après l’injection. Seuls les patients avec des CAR-T CD4+ > 10-3 g/L semblaient avoir une survie prolongée. De plus, la persistance de CAR-T circulants pendant plus de six mois était associée à une meilleure reconstitution immunitaire T (T naïfs et thymiques).

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Vidéo sur le même thème