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Réflexion

Publié le 12 déc 2023Lecture 6 min

Imagerie interventionnelle - Manipulateur en électrocardiologie médicale, un multi-visage ?

Audrey VOGELGESANG, Manipulatrice au CHU de Strasbourg

La place de la radiologie interventionnelle ne cesse de s’accroître. Elle a fait son apparition au milieu des années 1960 avec le traitement de pathologies cardiovasculaires. Aujourd’hui, elle s’est élargie à d’autres domaines, tels que la radiologie interventionnelle percutanée et présente ainsi de nombreux avantages : traitement des lésions bénignes et malignes, technique moins invasive, préservation de l’aspect du corps, récupération plus rapide pour les patients et véritable alternative pour les patients en impasse thérapeutique. Le manipulateur en électroradiologie médicale (MERM) a vu son métier évoluer en gardant sa double compétence, soignant et technicien. De plus en plus de centres mettent en place des équipes dédiées à temps plein à cette pratique, nécessitant une expertise supplémentaire, comme par exemple dans notre centre au CHU de Strasbourg.

Qui dit évolution, dit nouvelles compétences médicales et paramédicales, nouvelles indications, nouvelles techniques et nouveaux dispositifs médicaux. Cela demande aux professionnels une grande capacité d’adaptation et un haut niveau de technicité.   Les multiples fonctions du MERM En imagerie interventionnelle, le rôle du manipulateur est fondamental. Il intervient dans toutes les étapes de l’intervention : dès son arrivée au bloc opératoire, il prend en charge le patient (check-list HAS, pose de voie veineuse périphérique), organise le bon déroulement de l’intervention (installation en salle, vérifications et utilisation des machines d’imagerie et du matériel) et ce jusqu’à son départ. Sa connaissance précise des procédures et des dispositifs médicaux utilisés lui permet d’être très autonome, polyvalent et de savoir travailler en équipe pluridisciplinaire (MAR, IADE, IDE, AS).   Son rôle de soignant Le MERM est avant tout un soignant. Il établit un lien de confiance avec le patient : il est l’écoute, a de l’empathie et de la bienveillance et se rend indispensable pour une bonne prise en charge du patient. Dans notre service, plusieurs protocoles et formations ont été mis en oeuvre par les MERMS afin d’améliorer la prise en charge du patient. Tout d’abord, la communication positive fait partie du quotidien du manipulateur : informer, expliquer, éduquer. Celle-ci utilise des mots positifs, simples et rassurants pour créer un climat de confiance entre le soignant et le soigné, afin que le geste se réalise dans les meilleures conditions possibles. Ensuite, l’aromathérapie améliore le confort physique et psychique du patient. Par exemple, dans notre service, le patient est informé de cette thérapeutique dès son arrivée au service grâce à des affiches. Plusieurs synergies d’huiles essentielles, mises en place en accord avec la pharmacie hospitalière pour des raisons de sécurité, lui sont proposées pour l’aider à passer plus sereinement l’intervention. C’est aussi un moment d’apaisement et de relaxation. La diffusion de musique contribue également à réduire l’anxiété du patient. En phase pré- et peropératoire, le patient choisit une playlist qui lui sera diffusée en salle : c’est aussi un moyen de communication bénéfique à l’ensemble du personnel soignant et un moyen d’évasion pour le patient. Enfin, un protocole douleurs a été établi en collaboration avec l’équipe d’anesthésie et les radiologues. Celui-ci est utilisé pour des gestes sous anesthésie locale, tels que les biopsies osseuses ou les vertébroplasties, en accord avec le patient préalablement informé par le radiologue. Sur prescription médicale, dans notre service, le manipulateur prémédique le patient avant l’intervention avec un anxiolytique et un antidouleur. En per- et postopératoire, le protocole peut aussi être adapté selon les douleurs ressenties par le patient. Le manipulateur met en œuvre toutes ses pratiques pour créer une bulle autour du patient même s’il n’est pas toujours facile de trouver une bonne distance. Le manipulateur a donc une fonction de soignant à part entière mais n’oublions pas son côté technicien.   Son rôle de technicien Le manipulateur est également un technicien : il réalise et adapte les acquisitions d’images, sous la responsabilité d’un radiologue, en veillant au respect des règles de radioprotection. Une bonne installation du patient (contentions) est primordiale pour le bon déroulement de l’intervention. En imagerie interventionnelle, le manipulateur doit avoir une connaissance technique très large car il est amené à travailler sur différentes modalités. Par exemple, dans notre service, nous disposons d’une salle capteur-plan, d’une salle multimodale (scanner couplé à un système d’angiographie), d’une IRM diagnostique et interventionnelle, et de deux échographes. Cela demande alors au technicien une adaptabilité et une bonne prise en main des différents équipements d’imagerie. Aussi, le MERM doit avoir une bonne maîtrise du matériel, ainsi que des différents appareils de traitements utilisés. En intervention, il donne le matériel stérilement à l’opérateur, veille au respect des règles d’hygiène, et assure des soins de confort tout en facilitant le travail en équipe. Les compétences du manipulateur sont constamment en évolution. Il doit s’adapter aux nouvelles techniques, pratiques et technologies dont l’intelligence artificielle. Et tout cela lui est prodigué lors de journées de formation et de congrès (exemples : JFR, CIRSE, ECIO). Ainsi, il reste flexible et très polyvalent. En intervention, le manipulateur est complémentaire au radiologue. Imaginez-vous que le radiologue est le pilote de l’avion et le MERM la tour de contrôle : il le guide tout au long de l’intervention. Son implication et son expertise sont des éléments essentiels pour le radiologue, afin de répartir la charge mentale de l’intervention. La qualité de prise en charge des patients est améliorée par un staff hebdomadaire pluridisciplinaire (IDE, MERM, radiologues). Inspiré des staffs de chirurgie, il permet de revoir l’intégralité du dossier (indications, imagerie, discussion bénéfices/risques, planification) pour l’optimisation du planning d’intervention ainsi que la gestion du matériel, afin d’assurer la sécurité des soins. Une bonne collaboration entre le MERM et le radiologue est primordiale pour réaliser une intervention dans les meilleures conditions : efficacité, rapidité et qualité.   Son rôle de formateur Le manipulateur a également un rôle d’encadrement et d’enseignement auprès des étudiants. À travers ses connaissances, il facilite la continuité de son métier.   Son rôle administratif En intervention, le manipulateur vérifie le dossier du patient, transmet les recommandations à suivre aux différents services. Il assure la traçabilité des dispositifs médicaux implantables et des médicaments. Pour chaque intervention réalisée, il effectue une cotation CCAM. Il met en place des protocoles d’examens pour uniformiser la manière de travailler.   Et demain DIU interventionnelle, futur Master ? Le DIU est un diplôme permettant d’acquérir des compétences supplémentaires afin de valoriser le travail du manipulateur interventionnel. Cela permet de partager et d’échanger entre professionnels pour uniformiser leurs pratiques et optimiser la qualité de la prise en charge du patient. Au vu de la pénurie de cette profession au niveau national, faut-il rendre notre métier plus attractif avec une réflexion vers un Master ?   Son avenir : l’aide opératoire ? Le manipulateur peut être une aide opératoire (stérile) à côté du radiologue. Instrumentiste, il a la capacité d’anticiper au vu de ses connaissances techniques et des procédures. Ainsi, une nouvelle collaboration avec le radiologue pourrait être envisagée, avec encore plus de polyvalence et de dynamisme. Le MERM, un MAORI ? Manipulateur aide-opératoire en radiologie interventionnelle ? Serait-ce une nouvelle aptitude envisageable ?   Des protocoles de coopération ? D’après le décret n°2016-1672 du 5 décembre 2016 relatif aux actes et activités réalisés par les manipulateurs d’électroradiologie médicale (art. R.4351- 2-3), des protocoles de coopération peuvent être établis, en accord avec l’Agence régionale de santé (ARS). Ainsi, le manipulateur est amené à réaliser un acte d’imagerie interventionnelle (par exemple, des changements de sonde de pyélostomie, pose de PICC lines…), en ayant suivi une formation.   Et la recherche paramédicale ? D’après ce même décret (art. 6),le manipulateur a un rôle d’investigateur : il peut proposer, organiser et participer à des recherches afin de diffuser des données scientifiques solides et probantes. Tout cela valorise ses propres compétences. Voilà encore une nouvelle perspective pour le PERM en mettant en place un projet et une collaboration interdisciplinaire. Ainsi, le manipulateur en radiologie interventionnelle voit constamment son métier prendre de l’ampleur et de l’attractivité. Un métier au multi-visage est le terme le plus représentatif. Son image de « photographe de santé » est désormais bien loin… Pour en savoir plus : • Décret n° 2016-1672 du 5 décembre 2016 relatif aux actes et activités réalisés par les manipulateurs d’électroradiologie médicale. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/ • Site de l’Association française du personnel paramédical d’électroradiologie (Affpe) et sa commission • Radiologie interventionnelle : https://new. afppe.com/qui-sommes-nous/commissions/commission-radiologie-interventionnelle/ • Documentation disponible à la médiathèque des Journées françaises de radiologie (JFR) : https://lamediatheque.radiologie.fr/

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